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Extension du domaine de la lutte des GAFAM au BigPharma

13 janvier 2021 | Par Chitoaxol

Commentaires d'une interview du regretté Bernard Stiegler au journal Suisse Le Temps en mars 2018. Ses propos font prophétiquement écho à la mécanique de la situation actuelle. Ce qu'il dit de l'économie numérique se transpose aisément à l'économie de la santé.

En mars 2018 Le Temps publiait une interview du philosophe Bernard Stiegler [1].

Une réponse en particuliers semble s'appliquer à certains des ressorts de la crise actuelle. Nous nous permettons de la reproduire avec quelques commentaires.

Le Temps: C’est quoi, la disruption?

Bernard Stiegler: Ce que l’on appelle ainsi désigne un mouvement foudroyant d’accélération de l’innovation industrielle basée sur la technologie numérique telle qu’elle prend de vitesse la société, qui arrive toujours trop tard pour s’en saisir, ce qui crée des vides juridiques, théoriques et politiques très déstabilisants.

➔ aujourd'hui le BigPharma et ses lobby ne s'embarrasse même pas des vides juridiques, il les crée, par l'entremise des états d'urgence décrétés sur injonctions sanitaires édictées par des comités ou des millefeuilles d'agences nationales ou internationales perclus de conflits d'intérêts

Bernard Stiegler: J’en ai pris conscience, surtout à partir du moment où j’ai siégé au Conseil national du Numérique du gouvernement français, entre 2013 et 2016

➔ nous aussi, par la promulgation quasi quotidienne des recommendations des-dits conseils et leurs relais régionaux justifiant des arrêtés préfectoraux iniques

Bernard Stiegler: La disruption est une stratégie qui a pour but de prendre de vitesse tout le monde: d’abord ses concurrents, mais aussi les Etats, les organes de régulations et les usagers. Cette stratégie de sidération aujourd’hui enseignée à Harvard par Clayton Christensen est devenue le b.a.-ba des modèles de développement élaborés le plus souvent dans la Silicon Valley. Le problème est que cela conduit à la destruction des structures sociales et à une prise de vitesse de toute délibération par l’efficience des technologies de calcul dans presque tous les domaines (...)

➔ aujourd'hui la saturation d'informations anxiogènes et le non accès aux avancées positives bloque les faculté de raisonnement de tout un pan de la popuplation, l'imposition de mesures arbitraires de distanciation crée l'impossibilité d'utiliser les structures sociales existantes toutes déplacées dans le champ restrictif et hautement manipulable des réseaux sociaux

Bernard Stiegler: (...) – et sans aucun recul sur leurs effets secondaires, qui risquent de s’avérer à terme calamiteux: cela instaure la domination d’un capitalisme de prédation, qui capte de la valeur, mais qui ne permet pas le maintien des conditions de la reproduction de cette valeur. L’économie de prédation a une longue histoire, qui est celle de la piraterie, qui fut longtemps marginale, mais qui devient centrale.

➔ s'applique tel quel à l'industrie médicale totalement dominée par une doxa présentée comme la mesure unique de la science au non de laquelle on éjecte toute concurrence susceptible de proposer des alternatives qui rapporteraient moins, voir la censure implicite des journaux médicaux dans l'affaire de l'HCQ allant jusqu'à la publication de faux articles (affaire du Lancet), en bref il s'agit bien de piraterie

Bibliographie

[1] Bernard Stiegler: «Toute technologie est porteuse du pire autant que du meilleur», 22 mars 2018 (www.letemps.ch/opinions/bernard-stiegler-toute-technologie-porteuse-pire-autant-meilleur)